Le Jardin Botanique d’Eala : Un Trésor de Biodiversité

Le Jardin botanique d’Eala est l’un des sept jardins zoologiques et botaniques nationaux de la République Démocratique du Congo. Il s’étend sur une superficie impressionnante de 371 hectares, situé à quelques kilomètres au nord-est de la ville de Mbandaka, dans la province de l’Équateur. Ce jardin est délimité au nord par la rivière Ruki, au sud par la route menant de Mbandaka à Bamanya, à l’ouest par le village de Bokilimba, et à l’est par celui de Boyeka. La localisation du jardin, proche de l’équateur, lui confère un climat équatorial caractérisé par des températures élevées, avec une moyenne de 25 °C par an, et un taux de pluviosité atteignant 177 mm. Le sol, sablo-argileux, contribue à la richesse écologique de cet espace naturel.
Une Architecture Botanique Distincte
Le jardin d’Eala est divisé en deux parties contiguës, chacune ayant ses propres caractéristiques. La partie sud, qui s’étend sur 189 hectares et 14 ares, est une réserve forestière entièrement sauvage, représentant un vestige de la forêt primaire qui couvrait autrefois la région de Mbandaka. En revanche, la partie nord est aménagée et regroupe des collections botaniques, agronomiques et horticoles. De plus, l’ensemble du domaine comprend 50 hectares de marais inondés et 50 hectares de zones périodiquement inondées, ainsi que 7 hectares de savane herbeuse à hyparrhenia, créant ainsi un écosystème diversifié et riche en biodiversité.
Un Rétablissement Historique
Le Jardin botanique d’Eala a été un des jardins botaniques les plus renommés d’Afrique subsaharienne, mais il a subi des défis au fil des ans. Depuis 2009, un programme de réaménagement a été mis en place avec le soutien financier de l’Union européenne et l’assistance du Jardin botanique national de Belgique. Ce programme vise à restaurer l’importance historique et écologique du jardin, en mettant l’accent sur la préservation de la biodiversité et la promotion de l’éducation environnementale.
Origines Coloniales
Créé en 1900 pendant la période de colonisation belge du Congo, le jardin botanique d’Eala a vu le jour dans un contexte historique complexe. Le botaniste belge Émile Laurent, professeur à l’Institut Agricole de l’État à Gembloux, a effectué deux expéditions au Congo en 1893 et 1895 afin d’étudier les conditions naturelles et botaniques du pays. À son retour en Belgique, il a réussi à convaincre le gouvernement de l’État Indépendant du Congo de créer des jardins botaniques pour encourager le développement agricole de la région. L’établissement du Jardin botanique d’Eala a été officialisé par un arrêté royal du Roi Souverain Léopold II en date du 3 février 1900.
Un Projet Visionnaire
Cet arrêté stipulait que le jardin était destiné à rassembler une collection de spécimens de la flore indigène ainsi que de végétaux exotiques tropicaux utiles. Le jardin devait également servir de lieu d’expérimentation pour la culture de plantes de rapport pouvant être produites en grande quantité. Cette vision audacieuse a ouvert la voie à des projets de recherche et à l’étude des espèces végétales locales et exotiques.
L’Équipe Fondatrice
La mission chargée de l’installation du jardin d’Eala s’est embarquée à Anvers pour le Congo le 16 septembre 1900. Elle était composée de Marcel Laurent, de P. Huyghe, jardinier, et de Léon Pynaert, horticulteur formé dans plusieurs jardins botaniques renommés, dont les Kew Gardens en Angleterre et Buitenzorg, aujourd’hui connu sous le nom de Bogor, en Indonésie. À leur arrivée à Eala, ils avaient avec eux 48 caisses de plantes et de graines d’origine tropicale. Pour faciliter le défrichement des terrains, 300 travailleurs congolais ont été mobilisés par le commissaire de district de Coquilhatville (Mbandaka).
L’Héritage Local
Selon la tradition locale, le jardin d’Eala doit son nom à un sergent de la Force Publique, qui était le fils d’un chef de village local. Ce sergent, reconnu pour son dynamisme et son courage, a supervisé les travaux des Congolais lors de la création du jardin. Son héritage perdure aujourd’hui, illustrant le lien entre l’histoire coloniale et la culture locale, tout en mettant en lumière l’importance du jardin comme symbole de résilience et de biodiversité.
Conclusion
Le Jardin botanique d’Eala est bien plus qu’un simple espace botanique; il représente un carrefour entre l’histoire, la culture et l’écologie. En tant que témoin de l’évolution de la région et de ses écosystèmes, il joue un rôle crucial dans la préservation de la biodiversité et l’éducation environnementale. À travers ses efforts de réaménagement et son engagement envers la conservation, le jardin aspire à retrouver sa place parmi les plus prestigieux jardins botaniques d’Afrique, tout en honorant son passé et en regardant vers l’avenir.
Nexus Congo ✍️