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Kasaï Central : Les Réactions Tombent de Tout Bord sur le Pacte Social pour la Paix

Dans le Kasaï Central, la situation politique et sociale est marquée par des tensions croissantes, notamment autour du Pacte Social pour la Paix. Cet accord, conçu pour établir un dialogue constructif afin de résoudre les conflits persistants dans l’est de la République Démocratique du Congo (RDC), suscite des réactions variées. Les voix qui s’élèvent dans le débat reflètent une large gamme d’opinions, allant du soutien enthousiaste à des critiques acerbes. Parmi ces dernières, celle de Maître Fidèle Muangalayi se distingue, car il refuse catégoriquement la démarche entreprise par la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO) et l’Église du Christ au Congo (ECC).

Sa position repose sur la conviction que les évêques cherchent à promouvoir un discours de renversement du pouvoir plutôt que de privilégier un véritable dialogue. Selon lui, les circonstances actuelles de la RDC, menacée par des agressions extérieures, nécessitent une réponse plus militante et résolue de la part des Congolais, plutôt qu’une simple discussion qui pourrait être perçue comme une forme de faiblesse.

Un Appel à la Mobilisation

Maître Muangalayi met en avant l’idée que la RDC ne peut se permettre d’entrer dans un processus de dialogue alors qu’elle est confrontée à des attaques étrangères. Il souligne que le pays doit mobiliser ses forces pour défendre son intégrité et sa souveraineté, un appel qui résonne avec un sentiment nationaliste croissant parmi certains segments de la population.

En désignant Nanga comme le leader courageux dont le pays a besoin, Muangalayi propose une alternative à la situation actuelle, en plaidant pour une action collective qui transcende les discussions politiques traditionnelles. Pour lui, la lutte pour la paix et la sécurité ne peut pas être négociée, mais doit être affrontée de manière proactive. Il appelle ainsi à une mobilisation générale, exhortant les Congolais à se rassembler autour d’un objectif commun : la défense de la patrie face à des menaces extérieures.

Des Rencontres Controversées

Le climat de tension est également exacerbé par des rencontres récentes entre les responsables de la CENCO et de l’ECC et des personnalités politiques étrangères. Le 4 mars dernier, des membres de ces organisations religieuses se sont rendus en Ouganda pour rencontrer le président Yoweri Museveni. Cette visite a été suivie d’une rencontre avec Thomas Lubanga, ancien chef de guerre accusé par l’ONU de collusion avec le groupe armé AFD-M23.

Ces interactions soulèvent des questions quant à la stratégie adoptée par les responsables religieux pour aborder les crises en RDC. Maître Muangalayi critique ces démarches, les considérant comme des tentatives infructueuses de résoudre des problèmes complexes par des dialogues avec des figures controversées, sans véritable impact sur la réalité sur le terrain. Selon lui, ces rencontres ne font qu’éloigner le pays de la solution qu’il mérite, en détournant l’attention des véritables enjeux de sécurité et de stabilité.

Vers une Solution Durable

Il convient de rappeler que, depuis le 4 février 2025, les évêques de la CENCO et de l’ECC ont élaboré un projet destiné à sortir la RDC de la crise sécuritaire qui la frappe, surtout dans sa partie orientale. Ce projet, remis au chef de l’État Félix Antoine Tshisekedi, comprend diverses propositions visant à restaurer la paix et la sécurité.

Toutefois, cette initiative a été accueillie avec scepticisme par de nombreux observateurs et acteurs politiques. Les critiques estiment que les approches dialoguées, bien qu’importantes, risquent de ne pas répondre aux exigences urgentes de la situation. En effet, l’idée que le pays pourrait se sortir d’une crise aussi profonde par des discussions diplomatiques semble de plus en plus contestée.

Les préoccupations croissantes concernant la sécurité et l’intégrité nationale prennent le pas sur les discussions, et la nécessité d’une action directe devient un thème récurrent dans les discours des leaders d’opinion.

Une Réaction Populaire Grandissante

L’opposition à la démarche de la CENCO et de l’ECC ne se limite pas à Maître Muangalayi. De nombreux Congolais partagent son sentiment que la situation actuelle nécessite une approche plus agressive et affirmée. Les événements sur le terrain, marqués par des violences et des incursions de groupes armés, renforcent ce discours militant. Beaucoup estiment que le temps des discussions et des compromis est révolu, et que les Congolais doivent prendre les choses en main pour garantir leur sécurité et leur avenir.

Cette perception est alimentée par le sentiment général d’impuissance face à l’agression extérieure, qui semble avoir exacerbé les frustrations et les désillusions au sein de la population. Ainsi, le débat sur la meilleure façon d’aborder les crises en RDC devient non seulement une question de politique, mais aussi une question de survie et de dignité nationale.

Un Clivage Entre Dialogue et Action

Dans ce contexte, le discours de Maître Muangalayi et d’autres leaders qui prônent une réponse plus active soulève des interrogations fondamentales sur l’avenir de la RDC. Les tensions entre la nécessité d’un dialogue pour la paix et la demande d’une action immédiate pour la défense nationale créent un dilemme qui complique les efforts de réconciliation et de reconstruction.

Alors que certains plaident pour la voie diplomatique, d’autres insistent sur l’urgence d’une réaction forte et ciblée face aux menaces extérieures. Ce clivage met en lumière la complexité des enjeux auxquels la RDC est confrontée, où les aspirations à la paix doivent être équilibrées avec la réalité d’une lutte pour la survie dans un environnement instable.

En fin de compte, la voie à suivre devra prendre en compte les diverses perspectives et répondre aux aspirations légitimes de la population, tout en cherchant à établir un équilibre entre dialogue et action dans un contexte de crise.

Gilbert Kabongo ✍️

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